Par OLIVIER MÜLLER
"Mes parents sont agriculteurs. Moi, je suis de Saint-Lô, chaudronnier de formation". À ces premiers propos échangés avec Rodolphe Delabarre, on en vient à se demander s'il n'y a pas erreur sur la personne. Est-ce lui l'un des plus grands spécialistes d'Atmos, la si particulière pendule atmosphérique de Jaeger-LeCoultre ? "Oui, c'est bien moi", sourit l'intéressé. J'ai dû en réparer un peu plus de 800, je crois." Ce talent hors norme, on le trouve aujourd'hui à Caen. Chef-lieu de la région Basse-Normandie, la ville n'est pourtant pas vraiment réputée pour être un haut lieu de l'horlogerie suisse, encore moins de l'Atmos. Cette pendule, inventée par Reutter en 1928, est exploitée par Jaeger-LeCoultre depuis 1940, qui en a fait un objet de luxe, et surtout a considérablement accru sa notoriété.
Une pendule qui ne manque pas d'air
Le fonctionnement de l'Atmos repose sur un procédé de mouvement en apparence perpétuel, qui permet de convertir les variations de température et de pression atmosphérique en énergie mettant en mouvement le mécanisme horloger. Un changement de température d'un degré suffit pour assurer à la pendule une autonomie de marche d'environ deux jours. Cette ultra-sensibilité de l'Atmos est aussi son talon d'Achille : la moindre poussière peut enrayer le mouvement. Rodolphe Delabarre, touche-à-tout autodidacte, l'a compris dès le départ. "J'avais acheté deux Atmos par curiosité, il y a huit ans. La première fonctionnait, pas la seconde. J'ai passé des nuits entières à comprendre son fonctionnement pour la réparer. Je n'avais rien, pas de manuel, pas d'outil, aucune formation. Je l'ai démontée et remontée sept ou huit fois de suite, mais j'ai réussi. Tout est parti de là."
Sous le regard attentif de la Suisse
La chance sourit indirectement à Rodolphe Delabarre face à la politique commerciale de Jaeger-LeCoultre. À l'époque, à la manufacture, le délai de réparation d'une Atmos est d'un an, pour un devis moyen dépassant 500 euros. Qui plus est, la manufacture ne voulait plus prendre en charge les modèles à mercure des premières années. "Je fais le même travail, sur tous les modèles, mais en six semaines et pour moins de 400 euros", indique Rodolphe Delabarre. Un site internet se crée, qu'il nomme tout simplement "Pendule Atmos".
Étrangement, Jaeger-LeCoultre n'y apporte aucun concours, ne lui fournit pas de pièces, mais laisse faire. "J'avais un peu peur de leur réaction", sourcille Rodolphe Delabarre. "J'ai bien tenté de me faire agréer par la marque, mais il aurait aussi fallu que je vende des montres. Je ne voulais pas, alors j'ai préféré me débrouiller tout seul." Au final, entre le bouche-à-oreille et le sérieux de ses réparations, les clients affluent. La magie d'Internet et du référencement naturel sur les moteurs de recherche fera le reste : tapez "Pendule Atmos", l'homme apparaît comme le premier lien non commercial, juste après Wikipédia !
À l'assaut des chronos
Aujourd'hui, Rodolphe Delabarre est un peu victime de son succès. On ne vient pas à sa boutique de Caen, on vient le voir, lui. Ses journées sont bien remplies, ses nuits aussi. Car depuis, il s'est attaqué à l'horlogerie. Comment ? Tout seul, à nouveau ! "Ce n'est pas bien compliqué", sourit, gêné, Rodolphe Delabarre. "Je me suis acharné pendant deux ans à comprendre comment fonctionne une montre. Aujourd'hui, je fais moi-même des révisions complètes de calendriers complets ou de chrono. Du coup, j'en vends aussi en boutique. J'aime bien proposer ce qui sort de l'ordinaire, des Vulcain, des Hanhart." Et peut-être même des Jaeger-LeCoultre, un jour, qui sait...
La marque au légendaire cricket est désormais présente à Caen.
Le choix d’un bon partenaire repose sur sa connaissance, son amour et son engagement envers la marque qu’il représente. La manufacture horlogère Vulcain l’a bien compris. C’est pourquoi, depuis sa création en 1858, elle n’a cessé de démontrer son dynamisme et son esprit entrepreneurial en développant son réseau de distribution de manière sélective et pointue.
Vulcain est donc aujourd’hui fière de compter dans son réseau de nouveaux partenaires.
TIMEKEEPING À CAEN
Loupe vissée sur l’oeil, oeuvrant à la vue de tous, Rudolphe Delabarre vous acceille dans son nouvelle écrin situé au 41 rue Guillaume le Conquérant à Caen depuis ce mois de septembre. Horloger de formation, spécialiste de la pendule Jaeger Atmos et grand connaisseur de mécanique horlogère, il souhaite mettre ses compétences horlogères au service de sa clientèle en s’ouvrant peu à peu à la distribution de marques horlogères, à la diffusion plus rare et intimiste, telles que Hanhart ou Vulcain. Cette boutique est un véritable magasin atelier où l’on peut autant faire réparer nos montres et horloges de grandes marques que choisir parmi une belle offre de pièces de seconde main.

Time Keeping est le point de convergence des amateurs de haute horlogerie, représentée (entre autres) par des noms comme Officine Panerai, Oméga, Vulcain, Jaegger Lecoultre, Rolex ou encore les pendules Atmos. Pousser la porte de Rudolphe Delabarre c'est entrer dans le monde de l'exigence et de l'excellence des garde-temps. C'est aussi comprendre pourquoi le terme d'horlogerie de luxe est inapproprié ou, au mieux, à réserver à certaines marques de montre aux logos du prêt-à-porter, mues par des quartz bon marché. C'est vrai, les montres y sont chères, les neuves et celles de collections (ces dernières représentant 70 % de l'activité de Time Keeping). Elles sont chères parce qu'elles répondent à des critères de qualité extrêmes en termes de matériaux et de finitions : boîtiers en acier qui résistent à l'abrasion par la peau que de l'alliage chromé, rouages et mécanismes en métaux et rubis qui assurent une parfaite fluidité du mouvement (généralement automatique), étanchéité parfaite (verre, fond et tige de remontoir), résistances à de très hautes pressions (Rolex Sea-Dweller) ou à l'absence de pression (Omega SpeedMaster) pour ne citer que ces points. Ce que ces montres savent faire dans des conditions inhabituelles, elles sauront le faire encore mieux dans des conditions normales d'utilisation. Pour comprendre les prix de certaines, il suffit de mettre côte à côte un vêtement de fripier et un de haute couture, et de comparer. Comme il existe des montres cheap qui durent ce qu'elles durent, il existe des montres de haute horlogerie qui durent tout court. A Caen... c'est chez Time Keeping que ça se passe. Time keeping, c'est aussi un atelier de réparation toutes marques et un point de vente des bracelets textiles Nato.